Quel lien y a-t-il entre les intestins et la fertilité ?

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Pour autant qu’on sache, les intestins n’ont aucun rapport avec la fonction reproductrice humaine. Ils n’interviennent ni dans la production de cellules sexuelles (spermatozoïdes chez l’homme et ovocytes chez la femme), ni dans la fécondation (rencontre entre spermatozoïde et ovule), ni dans le développement de l’embryon et du fœtus.

Pourtant, certaines études scientifiques* ont mis en évidence une relation entre les intestins et la fertilité. Il est surtout question des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, appelées couramment dans le jargon médical par leur acronyme « MICI ».

On a également pointé du doigt l’importance d’une flore intestinale saine dans l’amélioration de la fertilité.

Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin: c’est quoi ?

 

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, ou MICI, sont un groupe de maladies qui touchent certaines parties du tube digestif, essentiellement l’intestin grêle, le côlon et le rectum (mais également la bouche, l’œsophage, l’anus, etc.).

On distingue principalement 2 maladies appartenant à ce groupe :

  1. La maladie de Crohn : l’inflammation des parois peut siéger dans n’importe quel point du tube digestif entre la bouche et l’anus. Mais, dans la majorité des cas, l’atteinte inflammatoire se concentre au niveau de l’intestin, surtout la partie terminale de l’intestin grêle ou « iléon ».
  2. La rectocolite hémorragique (RCH) ou ulcéro-hémorragique (RCUH) : ici, l’atteinte inflammatoire des parois digestives siège au niveau du rectum et remonte dans le côlon. L’intestin grêle est toujours épargné.

Ces deux maladies se caractérisent par une inflammation des parois de certaines parties du tube digestif dont l’évolution est chronique. Aujourd’hui, il n’existe de traitement médicamenteux curatif pour aucune des MICI. Les patients qui en sont atteints passent toute leur vie avec ces affections, avec une alternance entre des poussées (augmentation de l’inflammation avec exacerbation des symptômes tels que les douleurs abdominales et les troubles du transit) et des périodes de rémission (atténuation des symptômes due à la diminution de l’inflammation).

Cause des troubles de la fertilité induits par la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique (RCH)

Ils sont la conséquence d’une part des lésions inflammatoires caractérisant la maladie, d’autre part des différents traitements médicamenteux ou chirurgicaux utilisés dans la prise en charge thérapeutique des patients.

Lorsque l’on sait que la plupart des MICI sont diagnostiquées à un jeune âge (personnes en âge d’avoir des enfants), on comprend pourquoila question de la fertilité revêt une importance particulière !

Conséquence de la maladie de Crohn ou de la RCH sur la fertilité

Les effets de la maladie de Crohn et de la rectocolite hémorragique (RCH) sur la fertilité des patients ou patientes dépendent de leur degré de sévérité et de leurs phases évolutives. Les personnes qui en sont atteintes, lorsqu’elles sont en période de rémission, possèdent une fertilité comparable à celle observée dans une population saine. Au contraire, lors des poussées inflammatoires, la fertilité baisse significativement par rapport à la population générale.*

Chez les femmes

En période active d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin, la fertilité des femmes peut être altérée par l’un ou plusieurs des mécanismes suivants :

  • L’atteinte inflammatoire peut toucher les ovaires ou les trompes de Fallope (ou trompes utérines, reliant entre les ovaires est le corps de l’utérus), ce qui peut se solder par une baisse de la fertilité ou d’une stérilité ;
  • Une aménorrhée secondaire à une poussée prolongée de la maladie (la femme n’a plus ses règles de manière régulière), les chances de tomber enceinte sont alors nettement diminuées ;
  • La survenue de certaines lésions au niveau de l’anus et/ou de la région périnéale, ce qui perturbe grandement les rapports sexuels.

Par ailleurs, le traitement chirurgical de la maladie de Crohn ou de la RCH, qui consiste à retirer les parties intestinales malades, peut entraîner des adhérences au niveau de la région pelvienne suite à la cicatrisation des incisions réalisées lors de l’intervention. Ceci pourrait être à l’origine d’infertilité, voire de stérilité si les adhérences atteignent les trompes de Fallope ou les ovaires*.

Chez les hommes

Ce sont surtout les traitements médicamenteux utilisés contre les MICI qui provoquent une baisse de la fertilité :

  • La Sulfasalazine : ce médicament a comme effet secondaire une baisse du nombre de spermatozoïdes produits par les testicules ainsi qu’une diminution de leur mobilité.
  • Le Méthotrexate : c’est un médicament toxique qui entraîne une oligospermie, c’est-à-dire une diminution importante du nombre de spermatozoïdes dans le sperme.

Heureusement, ces deux effets indésirables sont réversibles après une certaine période d’arrêt du traitement. La fertilité peut donc s’améliorer et le patient peut profiter d’une période de rémission de la maladie pour essayer de concevoir.

Dans les cas sévères, la maladie de Crohn ou la RCH peut nécessiter un traitement chirurgical. Ce dernier consiste en une résection intestinale suivie d’une anastomose iléo-anale. C’est-à-dire qu’on retire au patient la partie de l’intestin malade, puis on relie directement la partie terminale de l’intestin à l’anus. Cette intervention peut se compliquer, à long terme, de troubles de l’érection (impuissance) ou de l’éjaculation. C’est pour cette raison qu’on propose aux hommes devant subir cette chirurgie une cryoconservation de leur sperme afin qu’ils puissent avoir des enfants par la suite grâce à la FIV (fécondation in vitro) ou autre technique de PMA (procréation médicale assistée).

Comment une flore intestinale saine favorise la fertilité ?

Outre les MICI, il a été mis en évidence un lien entre le microbiote intestinal et la fertilité.

Le microbiote intestinal, ou flore intestinale, est l’ensemble des microorganismes qui vivent en nous, de manière symbiotique ou saprophytique, dans notre tractus digestif. Sans lui, notre corps ne serait pas capable de synthétiser certaines vitamines, telles que B et K, ayant une grande importance durant la période de conception et au début de la grossesse. De plus, il nous protège contre différentes infections.

Chez l’homme

Le déséquilibre du microbiote intestinal, ou « dysbiose intestinale », serait capable d’entraîner une inflammation des bourses. Cela va se répercuter négativement sur la production et la maturation des spermatozoïdes. Un sperme de mauvaise qualité, c’est-à-dire des spermatozoïdes peu nombreux, peu mobiles et/ou malformés, diminue nettement la fertilité.

La restauration d’un microbiote intestinal optimal (correction d’une dysbiose intestinale) est donc l’une des approches qui pourraient être utilisées pour améliorer significativement la fertilité des hommes, surtout ceux ayant un syndrome métabolique (hommes présentant une obésité abdominale et une insulinorésistance).

Chez la femme

La flore intestinale est directement liée à la flore vaginale. L’équilibre des microorganismes qui colonisent la cavité vaginale a un rôle important dans la fertilité. Une flore vaginale saine permet de lutter contre diverses pathologies infectieuses et d’optimiser les chances de tomber enceinte. Il est donc parfois important de dépister un éventuel déséquilibre de la flore intestinale afin d’y remédier et d’augmenter la fertilité chez la femme désireuse de grossesse.

Il faut savoir que le déséquilibre du microbiote intestinal dans sa composition, sa fonctionnalité ou sa diversité, est l’un des facteurs pouvant favoriser le déclenchement, l’entretien ou l’aggravation d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin telle que la maladie de Crohn ou la RCH. Comme expliqué plus haut dans l’article, ces maladies s’accompagnent de certains problèmes de fertilité lors des périodes de poussées. On peut donc dire que le déséquilibre du microbiote intestinal est indirectement responsable d’infertilité (puisqu’il déclenche des maladies qui se compliquent d’infertilité !).

  • Pour rééquilibrer le microbiote intestinal,voici quelques pistes :

 il convient de consommer certains aliments riches en fibres tels que les légumes, ou bien de recourir à des probiotiques qu’on retrouve dans certains aliments fermentés comme choucroute, miso, soja, ou des probiotiques  disponibles en pharmacie et dans les commerces ; limiter la viande rouge.. Il peut être intéressant d’éliminer certaines bactéries nocives avec l’extrait de pépins de pamplemousse ou EPP. Pour purifier la flore intestinale, les  huiles essentielles d’origan, de sarriette. (Précaution toutefois lors de l’utilisation des huiles essentielles, elles ne sont pas sans danger, demander l’avis d’un.e profesionnel.le et à proscrire chez les femmes enceintes ou allaitantes et les enfants de moins de 3 ans.

 Mais dans des cas extrêmes, une transplantation fécale peut se révéler nécessaire. Elle consiste à introduire une petite quantité de selles d’une personne saine (généralement le conjoint, ou une personne issu de l’entourage proche du receveur) dans le tube digestif d’une autre personne afin de restaurer sa flore digestive.

*Sources

Les informations présentées sur ce site n’ont pas pour objectif de se substituer à un traitement ou aux conseils d’un médecin, ou d’un spécialiste et doivent de préférence être envisagés sur des recommandations personnalisées.

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