La maladie cœliaque est une pathologie inflammatoire et chronique de la sphère intestinale provoquée par l’ingestion d’un antigène alimentaire : le gluten. En France, elle concerne 1 personne sur 1000. Cette affection touche davantage la population féminine. La maladie cœliaque survient à l’enfance ou peut être diagnostiquée bien plus tard à l’âge l’adulte. Comment se caractérise-t-elle ? Quelles sont ses conséquences ? Comment y remédier ? Voici nos explications.
Qu’est – ce que c’est ?
La maladie cœliaque ou plus communément appelée l’intolérance au gluten est une maladie intestinale auto-immune due à une réaction immunitaire après ingestion de la protéine de gluten. Elle se différencie très clairement de l’hypersensibilité au gluten puisque son origine est une prédisposition génétique.
Le gluten est une substance protéique contenue dans certains aliments. Cette protéine se trouve plus particulièrement dans les céréales telles que le blé, l’avoine, l’épeautre, le seigle ou bien l’orge.
Cette entéropathie est due principalement à deux molécules : les gliadines et les gluténines. Lors de son ingestion, le corps réagit négativement en produisant des anticorps. L’anti-gliadine, l’antitransglutaminase et l’anti-endomysium en sont les principaux marqueurs. La consommation de ces substances altère le fonctionnement de l’intestin-grêle et provoque des lésions sur la paroi intestinale. Les villosités du duodénum et du jéjunum s’atrophient de manière totale ou partielle et entraînent une défaillance digestive et une malabsorption des nutriments et par conséquent, une insuffisance nutritionnelle.
Les vitamines, les minéraux, les protéines et les graisses sont indispensables au corps pour assurer ses fonctions. Chez les personnes cœliaques, les enzymes digestives sont déficientes. Les molécules alimentaires ne sont pas en totalité transformées et sont donc moins bien assimilées par l’organisme. De ce fait, les nutriments sont instantanément éliminés par les selles et le corps est en déficit énergétique ce qui provoque sur le long terme, des carences et des anémies.
La maladie cœliaque se manifeste par une symptomatologie spécifique, mais peut rester silencieuse et latente pendant une longue période. Un dépistage sera nécessaire pour l’identifier. Un test sérologique et une biopsie de l’intestin-grêle par endoscopie pourront confirmer le diagnostic. Le test sérologique permettra d’observer les anticorps spécifiques à la maladie : anti-endomysium de classe IgA et IgG et antitransglutaminase de classe IgA et IgG. La biopsie mettra en évidence une atrophie villositaire associée à une augmentation du taux de lymphocytes (globules blancs) intra-épithéliaux dans la muqueuse duodénale, un développement anormal et à une augmentation du nombre de cellules des cryptes de Lieberkühn (glandes intestinales de l’intestin-grêle et du colon).
Le traitement de la maladie cœliaque repose sur une suppression stricte du gluten dans l’alimentation.
Quels sont les signes ?
L’intolérance au gluten se manifeste généralement par des troubles digestifs tels que des ballonnements, des gaz intestinaux, des diarrhées chroniques, une constipation, une digestion difficile associée à des douleurs abdominales, des nausées et des vomissements. La maladie cœliaque provoque également un manque d’appétit et une perte de poids ou au contraire une prise de poids due entre autres à l’inflammation déclenchée par le gluten. Le bilan sanguin permet d’observer une carence en fer due à la diminution des globules rouges, une déficience en vitamines et en nutriments ainsi qu’une légère augmentation des enzymes hépatiques. La présence d’aphtes récidivants au niveau de la muqueuse buccale ainsi qu’une aménorrhée chez la femme peuvent être aussi des signes révélateurs.
Une affection cutanée prurigineuse appelée « dermatite herpétiforme » peut se manifester. Les éruptions se caractérisent par des boutons rouges et des cloques d’eau. Ces lésions provoquent une sensation de brûlure et de fortes démangeaisons. La dermatite herpétiforme se loge au niveau des genoux, des coudes, du cuir chevelu, de la nuque, du haut du dos et des fesses.
Comment se manifeste l’intolérance au gluten chez l’enfant ?
L’intolérance au gluten chez l’enfant s’identifie chez le nourrisson après son 6ème mois de vie. Cette période correspond à l’introduction du gluten dans son alimentation. Les manifestations sont : une apathie, des troubles digestifs chroniques (diarrhées, constipation, ballonnements, gaz, douleurs abdominales…) associés parfois à une difficulté à prendre du poids et une anorexie.
La maladie cœliaque peut être silencieuse (sans symptomatologie, mais avec une détérioration de la membrane intestinale) ou latente (absence d’anomalies) jusqu’à l’adolescence. L’affection s’identifiera toujours par la symptomatologie spécifique ainsi qu’un retard de croissance et de puberté. L’adolescent se montrera souvent fatigué et irritable. D’autres signes peuvent apparaître comme une détérioration de l’émail dentaire et une atrophie musculaire.
Comment se manifeste l’intolérance au gluten chez l’adulte ?
La symptomatologie est toujours identique, mais on pourra constater chez l’adulte l’apparition de purpura (taches pourpres sur la peau), une diminution de la densité capillaire, une ménopause précoce, des crampes musculaires, des douleurs osseuses, des fractures spontanées et une déformation des doigts et des ongles.
Quelles sont les maladies liées à la maladie de cœliaque ?
Les maladies auto-immunes
Selon une étude américaine, les personnes ayant déjà une maladie auto-immune seraient prédisposées à acquérir la maladie cœliaque. Parmi les maladies auto-immunes, on retrouve : l’hépatite, la cirrhose biliaire primitive, la Cholangite sclérosante primitive, la maladie de Wilson, le Syndrome de Budd Chiari, le diabète de type 1, la maladie de Grave, la thyroïdite de Hashimoto et la maladie d’Adisson. [1]
L’endométriose
L’endométriose est une maladie gynécologique qui touche 10 % des femmes. Au cours d’une recherche, des scientifiques ont évalué 11 097 femmes atteintes d’une intolérance au gluten. Au cours du suivi, 118 femmes ont développé une endométriose. Cette association serait liée à des facteurs médicaux communs[2].
L’ostéoporose
La maladie cœliaque provoque une malabsorption et par conséquent, un déficit en vitamine D et en calcium. Ces nutriments interviennent dans l’homéostasie osseuse et sont indispensables à la solidité des os. En raison de cette défaillance nutritive, l’ostéoporose est plus fréquente chez les sujets cœliaques. [3]
L’infertilité
L’infertilité serait associée à la maladie cœliaque. Pendant une étude, 99 couples ont été évalués. 4 femmes ont été testées positives aux marqueurs sérologiques et ont subi une biopsie. Parmi 4 femmes, 3 disposées de signes typiques. Un seul partenaire masculin était positif au test sérologique et à la biopsie. L’infertilité toucherait donc plus les femmes que les hommes.[4]
L’intolérance au gluten est également associée à l’ataxie, l’épilepsie, l’anxiété chronique, la dépression, le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), l’autisme et la schizophrénie.[5]
Quels sont les aliments à éviter et à privilégier ?
La maladie cœliaque impose un régime sans gluten et doit se poursuivre toute une vie. Il va donc falloir éliminer tous les aliments contenant des céréales et des molécules dérivées du gluten.
Le blé, le seigle, l’orge, l’avoine, l’épeautre, le triticale et le kamut sont à proscrire. Il est ainsi réprouvé de consommer les aliments contenant de la farine des précédents aliments cités tels que les biscuits, les viennoiseries, les pâtisseries, les pâtes, les quiches, les pizzas, les tartes, les pains (hamburger, pain de mie, baguette…) mais aussi les bières (malt d’orge), les barres de céréales, les corn-flakes, la chapelure, le boulgour, la semoule et le couscous. Les tablettes de chocolat, les bonbons, les soupes, les pates à tartiner, les charcuteries, les viandes ainsi que les sauces et les yaourts peuvent contenir des dérivés de gluten identifiés sous l’appellation gluténine ou gliadine.
Les aliments à privilégier sont les légumes, les fruits, les viandes et les poissons non-cuisinés, les œufs, les laitages (laits et yaourts), le maïs, la polenta, le quinoa, le riz, le soja, le lin, le sorgho, la graine de chia, les fruits secs et les noix.
Quelles solutions naturelles pour traiter les symptômes de l’intolérance au gluten ?
L’intolérance au gluten altère le fonctionnement de la flore intestinale et provoque des troubles digestifs. La microbiote intestinale assure la fermentation (transformation sous l’influence d’enzymes) des résidus alimentaires et intervient dans l’assimilation et la régulation des nutriments.
Les probiotiques
Les bonnes bactéries nécessaires à la flore intestinale sont naturellement présentes dans les aliments et surtout dans les yaourts, les fromages, les produits de la mer, la choucroute crue et les olives. Vous pouvez également trouver des probiotiques sous forme de gélules à prendre en cure pendant 3 mois.
La tisane de marjolaine
Réputée pour ses vertus calmantes, la marjolaine rééquilibre la sphère intestinale et lutte contre les ballonnements, les gaz intestinaux, la diarrhée et la constipation. Ses propriétés antispasmodiques permettent de réduire les douleurs abdominales.
Posologie : faites infusez 10 grammes de feuilles séchées de marjolaine dans une tasse d’eau bouillante. Buvez cette préparation 3 fois par jour pendant 1 mois.
L’huile essentielle de menthe poivrée
Cette huile essentielle favorise l’expulsion des gaz intestinaux. La menthe poivrée soulage les troubles intestinaux et aide à purifier l’estomac. Elle favorise la digestion et le drainage hépatique.
Posologie : versez 1 goutte d’huile essentielle de menthe poivrée dans une cuillère à café d’huile d’olive ou de miel et laissez fondre sous la langue. Renouvelez l’opération 3 fois par jour durant 7 jours maximum.
Comment éviter la frustration du « sans gluten » ?
La farine de blé peut être remplacée par de la farine de riz, de maïs, de pois-chiche, de lentilles ou de gourganes dans vos préparations culinaires et de larges gammes de produits sans gluten sont proposées dans les supermarchés alimentaires.
Face à un nombre considérable de personnes présentant une intolérante au gluten, certains restaurateurs proposent des menus spéciaux et certains en ont fait leur spécialité. Une application a été mise en place pour recenser tous les restaurants proposant du « sans gluten » http://www.sortirsansgluten.com/.
De nombreuses recettes gourmandes sont disponibles sur la toile. Vous avez toujours la possibilité de manger des quiches, des pizzas, des gâteaux, des biscuits ou du pain fait maison. Il suffit simplement de préparer vos recettes avec de la farine sans gluten.
Peut-on guérir d’une intolérance au gluten ?
La maladie cœliaque persiste tout au long de la vie. Il est donc impossible d’en guérir. Cependant, si le régime sans gluten est correctement suivi, les symptômes disparaissent au bout de quelques mois. L’estimation est fixée à 3 mois. Les villosités de l’estomac peuvent mettre jusqu’à 2 ans avant de retrouver une structure saine et normale. Chez le jeune-enfant, on constate une amélioration quelques jours après seulement l’arrêt de la consommation du gluten. Les diarrhées cessent, l’appétit revient et la courbe de poids remonte en quelques semaines.
En France, l’assurance maladie propose un forfait mensuel et rembourse à 60 % de frais engagés pour l’achat d’aliments sans gluten chez des patients ayant été diagnostiqué par une biopsie digestive.
[1] https://www.hindawi.com/journals/bmri/2013/127589/
[2] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21840904/
[3] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2681138/
[4] https://academic.oup.com/humrep/article/14/11/2759/859731/
[5] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3641836/
Les informations présentées sur ce site n’ont pas pour objectif de se substituer à un traitement ou aux conseils d’un médecin, ou d’un spécialiste et doivent de préférence être envisagés sur des recommandations personnalisées.