Le gattilier est une plante médicinale méditerranéenne utilisée depuis l’antiquité pour calmer les ardeurs sexuelles, notamment chez les religieuses et les moines. C’est pour cela qu’on lui attribua le nom de « chaste tree » (arbre chaste, ou encore agneau chaste) et de « poivre des moines ».
Aujourd’hui, on reconnaît à ses principes actifs une action régulatrice sur la sécrétion des hormones sexuelles féminines, les œstrogènes et la progestérone. Cette propriété permet notamment de soulager différents troubles liés à l’activité génitale de la femme.
Présentation du gattilier
Le gattilier, de son nom scientifique « Vitex agnus-castus », peut pousser partout dans le monde. Mais on le retrouve plus particulièrement au niveau des pays méditerranéens à l’instar de la Grèce et de l’Italie, ainsi que dans certains pays de l’Asie centrale.
C’est un arbuste buissonnant à fleurs bleues ou violacées organisées en épi et donnant des baies rouges et jaunes. Il mesure généralement 1 à 2 mètres de haut, mais les plus âgés peuvent atteindre 5 à 10 mètres en hauteur et avoir un tour de tronc dépassant 1 mètre.
Bien qu’il puisse survivre dans des sols pauvres, il pousse préférentiellement à proximité des ruisseaux et des fleuves.
On récolte ses différentes parties au début de l’automne. Ses branches robustes servaient à confectionner des paniers, ses baies piquantes (ayant un goût poivré) étaient séchées et utilisées comme plante médicinale dans de nombreuses situations pathologiques, surtout chez les femmes.
Quelle est la composition du gattilier ?
Le gattilier est composé principalement de terpènes (diterpènes, iridoïdes et huile essentielle), de phénols, de flavonoïdes, de tanins et plusieurs autres composés présents en faibles quantités.
Chacun des composés du gattilier lui confère une ou plusieurs propriétés :
- Diterpènes : leurs structures ne sont pas encore précisément déterminées. Néanmoins, nous savons que ces composés possèdent des propriétés anti-inflammatoires et antimicrobiennes.
- Iridoïdes : ces composés étaient longtemps considérés comme non importants pharmacologiquement. Aujourd’hui, on leur attribue de multiples bienfaits: antalgiques, antitumorales, anti-hépatotoxiques, antispasmodiques, antivirales, anti-inflammatoires, hypoglycémiantes, laxatives… L’un des principaux iridoïdes, appelé « agnuside », posséderait une action sur les récepteurs de la progestérone.
- Huile essentielle : elle peut être obtenue aussi bien à partir des baies que des feuilles et des fleurs du gattilier. Sa composition varie selon la partie du gattilier utilisée, le protocole d’extraction et même la localisation géographique de la plante.
- Phénols : le gattilier possède dans sa composition un dérivé de l’acide benzoïque ayant des actions antivirale, antibactérienne et antifongique.
- Flavonoïdes : ce sont des pigments présents chez la quasi-totalité des espèces végétales. Ils jouent un rôle dans la pollinisation et donnent leur coloration aux pétales des fleurs. On leur attribue de nombreuses propriétés : anti-inflammatoire, antitumorale, antiallergique et antiulcéreuse.
- Tanins : ce sont des composés naturels ayant la capacité de former des complexes avec certaines protéines, ce qui leur confère des propriétés anti-infectieuses.
- Lignanes : ils possèdent des propriétés antimicrobiennes, antioxydantes et anti-inflammatoires.
- Huile grasse : les baies du gattilier contiennent de l’acide linoléique, un acide gras polyinsaturé oméga 6 dont la consommation régulière et en quantités suffisantes aide à prévenir les maladies cardiovasculaires, inflammatoires, auto-immunes, l’obésité, le diabète ainsi que certaines maladies neuropsychiatriques.
Quels sont les bienfaits du gattilier sur les troubles féminins ?
Syndrome prémenstruel
Le syndrome prémenstruel (SPM) peut être défini comme une affection neuroendocrinienne complexe, dont les mécanismes restent encore flous, pouvant se manifester par un ensemble de symptômes physiques, psychiques et comportementaux survenant avant le début des règles.
Côté prise en charge, les mesures hygiéno-diététiques, une adaptation du régime alimentaire et certains traitements médicamenteux sont prescrits selon le degré de sévérité des symptômes.
La phytothérapie, particulièrement par l’utilisation du gattilier, vient renforcer l’arsenal thérapeutique dont on dispose pour soulager le syndrome prémenstruel.
En effet, les études ont démontré que le gattilier possédait une action dopaminergique (il agit sur les récepteurs D2 de la dopamine), notamment grâce aux diterpènes qu’il contient. Et comme la dopamine intervient dans le contrôle de la sécrétion de la prolactine (hormone intervenant dans la lactation, la reproduction, le comportement et l’immunité) par l’hypophyse, il est logique que le gattilier possède effectivement une influence sur la prolactine.
Pour rappel, le taux de prolactine augmente dans le sang de la femme après l’ovulation. Cette augmentation est à l’origine d’un gonflement des glandes mammaires parfois associé à des mastalgies (douleurs aux seins) survenant avant et durant les règles.
Le gattilier, par son action régulatrice sur cette hormone hypophysaire, permet de limiter ces douleurs mammaires lors du syndrome prémenstruel ainsi que durant les règles.
Troubles du cycle menstruel
Des études ont démontré l’efficacité des extraits de gattilier dans certains troubles du cycle menstruel :
- Règles douloureuses : le gattilier possède des principes actifs ayant des propriétés antalgiques et antispasmodiques efficaces pour soulager les douleurs menstruelles.
- Mastalgies : l’Organisation mondiale de la Santé approuve l’utilisation du gattilier pour soulager les douleurs des seins lors des règles ou dans le cadre du syndrome prémenstruel.
- Ménopause : le gattilier pourrait être utilisé pour soulager certains symptômes liés à la ménopause tels que les bouffées de chaleur. Néanmoins, son efficacité n’a pas encore été clairement prouvée.
- Endométriose : le gattilier, grâce à son effet progestérone-like (stimulation des ovaires pour qu’ils produisent plus d’œstrogènes), participe au maintien d’un bon équilibre entre les taux d’œstrogènes et de progestérone. Ce qui est bénéfique dans le cadre d’une endométriose, car ça pourrait diminuer l’intensité des douleurs menstruelles chez les femmes qui en souffrent.
- Cycle menstruel irrégulier : les principes actifs du gattilier pourraient contribuer à régulariser le cycle menstruel (apparition des règles à intervalles de temps réguliers).
Troubles de la fertilité féminine
La progestérone est une hormone primordiale pour l’obtention d’une grossesse et son évolution normale. Dans certains cas, c’est l’insuffisance de sécrétion de la progestérone par le corps jaune qui est à l’origine de l’infertilité ou stérilité féminine.
Le gattilier a fait l’objet de nombreuses études scientifiques dans le cadre de la prise en charge de certains troubles de fertilité de la femme. Il a été mis en évidence que ses principes actifs avaient la capacité de réguler le cycle menstruel et d’augmenter la sécrétion de la progestérone en agissant sur le corps jaune (situé au niveau de l’ovaire et apparaissant lors de la deuxième phase du cycle menstruel).
Une équipe allemande de chercheurs a conclu dans une étude réalisée en 1998 que le gattilier pouvait se révéler efficace pour aider les femmes ayant une aménorrhée secondaire (absence de règles suite à une pathologie donnée) ou une insuffisance lutéale (faible production de progestérone) à augmenter leur chance de tomber enceinte et de mener leur grossesse à terme. Selon cette même étude, la durée préconisée du traitement par le gattilier dans ces cas était de 3 à 6 mois.
D’autres études ont suivi et certaines sont toujours en cours pour essayer de démontrer avec un haut niveau de preuve l’efficacité du gattilier dans le traitement de certaines infertilités féminines.
Précautions d’utilisation et contre-indications du gattilier
Les hormones sexuelles féminines sont régulées de manière complexe et précise. Bien que le gattilier soit une plante, il ne doit pas être utilisé sans l’avis et l’encadrement d’un professionnel
Voici les principales contre-indications du gattilier :
- Cancers hormono-dépendants : les cancers du sein, de l’endomètre et de l’ovaire sont des cancers dont l’évolution est influencée par les hormones sexuelles. Puisque le gattilier possède une action sur ces hormones, son utilisation est contre-indiquée chez les personnes souffrant de ce genre de cancers, et même en cas de prédisposition ou d’antécédents familiaux de cancers hormono-dépendants.
- Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) : le gattilier est contre-indiqué chez les femmes souffrant du syndrome des ovaires polykystiques avec LH élevée (Luteinzing Hormone ou hormone lutéisante) par rapport à la FSH (Follicle Stimulating Hormone). Il faut savoir que le SOPK est extrêmement fréquent, et qu’il est souvent associé à une élévation du taux de LH. Il est donc déconseillé d’utiliser cette plante sans l’avis de son gynécologue ou de son médecin traitant.
- Grossesse et allaitement : du fait de son action sur les différentes hormones féminines, l’utilisation de gattilier est contre-indiquée chez les femmes enceintes ou allaitantes.
- Pathologies hypophysaires : le gattilier pourrait interférer avec le traitement de certaines affections de la glande hypophysaire (située au niveau du cerveau et sécrétant diverses hormones).
- Âge inférieur à 18 ans : les données actuelles n’ont pas démontré l’innocuité du gattilier chez les plus jeunes. Il est donc déconseillé de l’utiliser par mesure de précaution.
- Femmes candidates à une fécondation in vitro (FIV) : les principes actifs du gattilier pourraient interférer avec la fixation de l’embryon au niveau de l’endomètre (muqueuse de l’utérus).
- Traitement hormonal substitutif (THS) : le gattilier pourrait modifier l’action du THS et le rendre moins efficace. Ceci est également valable pour certains médicaments utilisés dans la prise en charge de la maladie de Parkinson.
- Pilule contraceptive : interaction médicamenteuse pouvant modifier l’efficacité de la contraception avec risque de grossesse non-programmée.
Les informations présentées sur ce site n’ont pas pour objectif de se substituer à un traitement ou aux conseils d’un médecin, ou d’un spécialiste et doivent de préférence être envisagés sur des recommandations personnalisées.